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dimanche 23 novembre 2014

Entre Business et spiritualité : bienvenue à Uluru

Face nord-ouest d'Uluru au coucher du soleil


Représentation schématique de
la partie immergée du rocher (wikipedia)
Nous voici maintenant face à cet emblème de l’Australie : Uluru en langue aborigène, rebaptisé l’Ayers Rock par les européens. Cet énorme rocher trône au milieu de la savane tel un monolithe. Certains disent qu’il faut plutôt le considérer comme un iceberg dont la partie visible n’est qu’une infime part de ce caillou. En réalité, les scientifiques supposent que ce rocher possède deux extrémités à l’air libre, tel un boomerang dont 80% de la surface serait enterrée. Car ce rocher n’est pas unique dans les paysages aux alentours. Il fait face, 50km plus loin, aux rochers d’Olgas ou Kata Tjuta en langue aborigène. Ces rochers ne sont pas sortis du sol suite à un mouvement des plaques tectoniques. Ils ne sont pas nés non plus d’une poussée magmatique. Ils ont toujours existés, tels des cailloux ancrés dans la croute terrestre. Plus résistants que les matériaux du sol aux alentours, ils sont restés en place pendant que l’érosion faisait s’affaisser les terrains aux alentours. On peut s’imaginer un galet sur une plage de sable qui resterait en place alors que la mer creuse et retire le sable sur ses pourtours.



Bref, c’est assez unique. Surtout le rocher d’Uluru qui demeure un seul et même bloc alors que ses cousins, les Kata Tjuta, se sont transformés en 36 boulders (dômes) de pierre. Nous apercevons bien l’érosion sur le sommet d’Uluru par les traces de ruissellement des eaux de pluie qui devraient finir de sculpter d’ici quelques millions d’années ce rocher pour lui donner un aspect similaire à ses voisins à l’ouest. Car les Kata Tjuta représentent en effet ce que pourrait devenir Uluru à force d’érosion. Mais pour le moment il affiche sa différence en résistant à l’air du temps. 



Une autre des raisons qui lui vaut son succès touristique et son admiration sans limite, est liée à la beauté du coucher de soleil sur son flanc ouest. Et là, c’est le drame ! Des bus touristiques viennent tous les soirs déverser leur flot de touristes pour figer dans le temps une photo souvenir du coucher de soleil sur ce magnifique monument naturel qu’est Uluru. Il y a heureusement un parking dédié pour les bus. Pour autant, un flot de voitures de location est également visible sur le parking ou nous sommes installés. Ce n’est pas bondé mais nous sommes en période creuse. Nous n’osons même pas imaginer les lieux en période touristique hivernale ou les températures sont beaucoup plus supportables.


En ayant mis plusieurs jours à traverser la moitié de l’Australie par nos propres moyens, nous nous sentons beaucoup plus méritant de contempler ce mystique rocher que les touristes arrivés par avion le matin même. Ça a du bon, parfois, d’avoir des sites inaccessibles par la route. Non pas qu’il faille interdire aux gens de s’émerveiller devant la nature, mais peut être de limiter cet émerveillement à ceux qui auront transpiré pour y arriver. Surtout que ce tourisme de masse a un effet pervers sur ce parc national qui a du se réinventer pour éviter de détruire son écosystème.

De notre côté nous dégustons notre bière, préalablement mise au frais, en attendant que le soleil rejoigne progressivement l’horizon. Il est pour le moment caché par un ciel voilé jusqu'à ce qu'une brèche de ciel bleu nous fasse espérer une issue plus positive de ce coucher de soleil qui devrait faire rougir les flancs de ce rocher. Nous n’en avons qu’un bref aperçu ce soir-là et nous restons sur notre faim. Nous partons finalement avant la nuit noire pour rejoindre notre campement. Nous envisageons cependant de nous rattraper demain en gravissant le sommet du rocher à la lueur de l’aube afin de profiter du lever de soleil sur les Kata Tjuta. 



25/11/2014 : Uluru - Kata Tjuta : National Park ou attrape touriste ?

Face sud-est d'Uluru au matin
La nuit sera de nouveau courte. La fatigue cumulée des 3 derniers jours de route se fait ressentir mais la chaleur écrasante nous empêche une nouvelle fois de tomber dans un sommeil profond. A 4h30 nous sommes levés et partons avant le lever du soleil prévu à 5h30 pour rejoindre le point de départ de la rando sur Uluru. Nous serons vite calmés. La montée est interdite de nuit jusqu’à 7h00 le matin l’été, c’est-à-dire en dehors des horaires de ronde des rangers. A 6h00 nous sommes déjà en plein jour et en plus de la luminosité qui est idéale pour les photos, la température est parfaite pour grimper. Je ne comprends vraiment pas cette interdiction. Nous prenons rendez-vous pour 7h00 au pied d’Uluru en espérant y grimper. En attendant, nous partons admirer le lever du soleil sur une esplanade aménagée.
Les touristes sont encore plus nombreux qu’hier. Les bus et les voitures partagent la même plate-forme d’observation. C’est vraiment déplaisant d’avoir fait tant de kilomètres pour se retrouver au milieu d’une foule d’italiens, de français, d’allemand et d’asiatiques qui font leur grand retour. Nous ferons tout de même de splendides photos avant de tenter une nouvelle fois notre grimpette sur Uluru .



Peine perdue, la montée est toujours interdite et les contrevenants sont menacés de recevoir une prune (700$ l’amende à priori). Ce n’est plus à cause de la nuit mais des nuages et du risque de pluie… euh vraiment vous nous prenez pour des jambons ? Il y a peut-être un nuage à l’horizon mais rien d’inquiétant ! En lisant de plus près les panneaux, nous nous rendons compte que la montée est le plus souvent fermée : température excessive (>36°C), vitesse du vent supérieure à 20km/h, masse nuageuse de plus de 20%, overnight… Nous avions également été prévenus que les aborigènes ne souhaitaient pas voir les touristes monter sur Uluru pour tout un tas de raisons diverses et parfois contradictoires. Dans ce cas pourquoi avoir installé des piquets et des cordes pour en faciliter et sécuriser l’escalade ? Pour attirer les touristes et leur faire cracher leur fric avant d’afficher la couleur ? Car l’entrée du parc est la plus chère que nous ayons dû payer. 25$ par personnes (au lieu de 15$ par voiture) soit 50$ pour faire une photo du coucher et du lever du soleil et éventuellement le tour du rocher. Cela nous a tout l’air d’un business juteux pour un grand nombre de personnes. Peut-être ont-ils peur que l’interdiction définitive d’accès au sommet ne fasse plonger la fréquentation touristique du site comme le souligne si justement le Lonely…



En tout cas je suis bien frustré de ne pouvoir monter sur ce caillou qui permettrait d’avoir une vue unique sur cette région désertique. Surtout après une semaine de voiture à traverser les régions on ne peut plus désertiques. Il m’est inimaginable de ne pas grimper en haut d’une montagne. C’est quelque chose de spirituel pour moi, un challenge constamment renouvelé pour être baigné de l’atmosphère de la vallée ou du désert dans le cas présent. Nous décidons donc de rester une journée de plus pour se laisser une nouvelle chance de l’escalader. La température au soleil est de plus en chute libre depuis aujourd’hui et devient plus supportable. Nous profitons alors du reste de la matinée pour aller admirer les sommets aux alentours, les Kata Tjuta.



les Kata Tjuta : une vision futuriste d'Uluru

Les Kata Tjuta et ses 36 dômes ou "boulders"

50 kilomètres nous séparent de ces autres curiosités de la nature. La route nous parait bien longue et nous profitons d’un point de vue en chemin pour faire un break. Un premier panneau annonce la couleur : la « valley of the winds » est fermée pour cause de température excessive… Ils le font exprès ou quoi ? Nous avons marché avec plus de 40°C dans les canyons aux Etats-Unis et dans le parc de Karijini en Autralie. Pourquoi tout interdire dans ce parc ?
Nous pensons que le tourisme de masse en est en grande partie responsable. En même temps, si les touristes après 4h d’avion climatisé, 4h de bus climatisé, une nuit à l’hôtel climatisé font une balade de 2h à découvert sous 40°C (température à l’ombre), il n’est pas étonnant qu’il y ait des accidents. Ce n’est peut être pas une raison pour mettre tout le monde dans le même bain. Les capacités de discernement des gens n’ont semble-t-il pas été jugées suffisante par les autorités. Les statistiques ont dû confirmer leur crainte mais pour ma part, je ne respecterai pas l’interdiction cette fois-ci (interdiction qui sera levée dans la matinée).


Un rocher au relief digne
d'une palette d'artiste peintre
Nous entamons donc la marche dans la « Valley of the wind » avant 11h. Les monts Olgas nous dominent et nous admirons la surface de ces rochers, très similaire à celle d’Uluru. Nous avons l’impression de faire face à la palette d’un peintre utilisant un dégradé de rouge, orange, rouille. La surface irrégulière du rocher me fait penser à un tableau de maître peint au couteau avec ses tâches de couleur imbriquées les unes dans les autres. La matière particulière de ce rocher accentue encore le côté spirituel et mystique que nous commençons à ressentir en se promenant aux alentours.





Nous ferons quelques photos des lieux avant de se faire rejoindre par un groupe organisé que nous fuirons. Avec près de 8km parcourus en 2 à 3h, la balade s’avérera très jolie mais fatigante surtout la fin du parcours sous un soleil de plomb. Ce sera suffisant pour Bara qui ne m’accompagnera pas sur une randonnée adjacente qui conduit à la Walpa Gorge.


Cette gorge est encastrée au pied de deux dômes des Kata Tjuta dont les parois verticales sont du plus bel effet. En plus d’offrir un coin d’ombre, cette gorge est un oasis en plein désert qui abrite une riche faune et flore venus chercher de quoi s’abreuver pour s‘épanouir. Cette courte rando est d’autant plus splendide au soleil couchant parait-il. Je crois le Lonely sur parole mais mon estomac me fera signe de rejoindre Bara pour déjeuner. Au menu, notre première pizza au BBQ ; )


En comparaison à d’autres Backpackers, nous avons la chance de disposer d’un frigo dans notre van ce qui permet d’avoir régulièrement des produits frais plutôt que des conserves. Mais au bout d’un mois de route, nous ressentons le besoin de varier notre alimentation. Au-delà des viandes et poissons grillés, nous avons déjà tenté les fajitas et enchiladas au BBQ qui se sont avérées une réussite. Aujourd’hui, nous avons décidé de revisiter le BBQ à l’Australienne en y apportant un côté latin : la pizza !
Ce sera encore une fois une réussite qui comblera de bonheur notre estomac. En plus du soleil, la chaleur du BBQ aura fini par m’achever et me convaincra de finir ma digestion dans la piscine du camping. Un bonheur en plein milieu du désert ! Si l’on oubli le côté écologique, le tourisme de masse n’a pas que des mauvais côté au final… Ce sera notre seule activité de l’après-midi. La chaleur est trop oppressante même si les températures semblent avoir diminuées par rapport à la veille.


Ce soir là nous retournons voir le coucher de soleil sur Uluru. Nous espérons avoir un ciel dégagé pour profiter au maximum du rougeoiement du rocher. Magnifique ! Breathtaking ! Contempler ce rocher nous apporte tout un tas de vibration faisant ressurgir le côté spirituel des lieux. La douceur de cette fin de journée s’ajoute à la beauté des lieux nous permettant d’apprécier pleinement ce moment.
Les photos sont sublimes même si quelques mouches s’inviteront sur un ou deux clichés, venant quelque peu perturber notre quiétude. Nous réussirons à les canaliser le temps de figer numériquement les paysages qui se dévoilent sous nos yeux. Ce parc national est un endroit particulier qui mérite un détour.




Le soleil ayant disparu et la nuit s’installant, nous décidons de revenir à l’hôtel avant la nuit noire. Sur la route du retour, nous aurons la chance d’admirer une incroyable coloration du ciel. Un dégradé de mauve, rouge, orange avec en fond de plan les silhouettes des dômes des Kata Tjuta. Inoubliable ! Les coucher de soleil dans l’outback australien sont d’une incroyable beauté.



Pour nous remettre de nos émotions, notre stock de bière étant à sec, nous décidons de nous poser dans un bar à proximité du camping. Il dispose également d’une partie restauration sous forme de viandes à faire griller soi-même. Des saucisses de crocodile, émeu, kangourou et bœuf accompagnerons donc notre pinte de Pale Ale locale. Nous faisons ce soir-là une riche rencontre avec nos voisins de BBQ.


Mario et Roser sont un couple d’espagnol (mais catalans avant tout), avec qui nous partagerons notre repas. Le filling est très bon et nous passerons toute la soirée à boire des bières et partager nos histoires et notre vécu. Nous parlons voyage et notamment Polynésie française qui fera rêver Roser et qui mettra sous pression Mario. Nous aborderons aussi l’aspect politique et de la Catalogne, au cœur de l’actualité, et découvrons la proximité de leur langue avec le français. Les discussions en anglais s’alimenterons d’elles même jusque tard le soir, au fur et à mesure que nous descendrons les pintes de bière. Nous passons une très agréable soirée. Ils ne sont que de passage et visitent l’Australie version avion et court séjour. Nous gardons tout de même contact. Nous nous reverrons en Europe à coup sûr ! En définitive, la plupart des rencontres que nous faisons se font au bar, quel que soit le pays.



26/11/2014 : Lever de soleil sur les Kata Tjuta et rando autour d'Uluru

Nous nous levons à nouveau en pleine nuit, afin de rejoindre la plateforme d’observation des Kata Tjuta. L’endroit est beaucoup moins touristique qu’Uluru. Malheureusement un ciel nuageux ne permettra pas de faire rougir les rochers qui resteront ternes car peu exposés. Nous avons tout de même en tête les images du coucher de soleil de la veille. Face à l’agressivité des mouches à cet endroit, nous ne nous ferons pas prier pour quitter rapidement les lieux.


Nous nous rendons une fois de plus au pied d’Uluru pour vérifier l’accessibilité du sommet. Aujourd’hui c’est la vitesse du vent qui est prétextée pour en interdire l’accès. Nous sommes décidément convaincu de la volonté des autorités de bloquer l’accès. Je suis blasé et frustré. Je décide néanmoins de laisser tomber (l’idée de transgresser les règles m’ayant traversé l’esprit plus d’une fois). Bara s’était déjà fait une raison et n’avait plus envie d’y monter. Il nous reste notre plan de secours qui est la randonnée de 10km autour du rocher. Il fait plutôt bon et le soleil n’est pas encore à son apogée ce qui nous laisse encore du sursis avant la grosse chaleur de la journée. Bara est encore un peu « murgée « de la veille. Je ne fais pas le malin non plus et les bouteilles d’eau seront de grand secours. 



Vue satellite du rocher d'Uluru (wikipedia)
En suivant le parcours, nous découvrons que certaines faces du rocher sont interdites à prendre en photo car sacrée encore une fois. Il ne manquerait plus qu’ils nous interdisent de regarder ! Nous respecterons les lieux et les consignes (plus ou moins) mais sans réelle conviction. Le tour d’Uluru nous permettra de voir l’envers du décor. L’aspect monobloc de ce rocher n’est pas une constante. Il nous paraîtra également moins rectangulaire que ce que l’on pourrait croire. Nous nous amuserons à nommer certaines de ses aspérités. Une forme de vague de ce côté-ci, une bouche de ce côté-là, un morceau de gruyère ou de fromage fondu pour cette autre aspérité et enfin un cœur ou plutôt une fraise… Non, un poumon dit Bara ! Bref, notre imagination nous fera passer le temps car la randonnée est quelque peu monotone.

      Vague                               (mise en situation)



Bouche                                         Gruyere fondu                          Poumon     


Nous en finirons avec ce parc par la visite du centre d’information Aborigène plutôt bien fait. La lecture de leur histoire nous convaincra de l’aspect spirituel des lieux et surtout des conséquences du tourisme de masse sur l’équilibre du parc. Le mal est fait et il sera dur de revenir en arrière surtout lorsque les enjeux financiers sont au cœur du problème. Bref, ce n’est que le début pour les aborigènes d’une longue reconquête de leur terre. 

Nous rejoignons à nouveau notre camping en début d’après-midi et profiterons de notre temps libre pour avancer sur notre blog et profiter de la piscine. Nous ferons un ultime apéro avec le coucher de soleil sur la face Sud-est d’Uluru suivant les conseils du Lonely. Les couleurs s’avèrent décevantes. Ce n’est pas le meilleur endroit mais l’ambiance est agréable du fait de l’absence de touristes. Il sera alors temps de rejoindre notre camping pour la nuit avec un petit cidre pression au passage au bar. Nous quitterons définitivement ce parc demain matin avec l’esprit reposé.


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