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mardi 9 septembre 2014

Tokyo - Auckland - Tahiti : Alerte à la dengue !


Un voyage sans anecdote serait bien fade. Nous allons donc pour ce coup partager notre pire expérience de voyage en espérant que ce soit la première et la dernière du reste de notre périple.

Nous arrivons à Auckland après 11 heures de vol depuis Tokyo. Nous sommes hébergés à l'hôtel Shakespeare qui est très sympa (peut être parce qu'il a sa propre brasserie ; ). 
Nous faisons une petite balade dans le centre ville d'Auckland, sans cachet particulier. Nous traverserons néanmoins un agréable parc avec des arbres en pleine floraison avant de rejoindre la marina et d'apercevoir les mats des voiliers néozélandais de l'Americas cup. La marina est la porte ouverte à de nombreuses excursions dans les îles environnantes de la baie d'Auckland, mais ça ce sera pour demain... ou une autre fois. Après ce long voyage, nous préférons nous reposer dans la soirée à l'hôtel surtout qu'une fois le soleil couché, nous avons un peu froid !



Hotel Shakespeare


"Emirate Team New Zealand"
voilier de l'Americas Cup

10/09/2014 : Symptômes inquiétants


L'aventure commence le lendemain matin quand Bara se réveille avec un énorme mal de tête. Nous pensons d'abord qu'il s'agit de la fatigue cumulée et liée au vol et nous espérons que ça passe rapidement. Bara essaie de se reposer mais en quelques heures la fièvre et les courbatures empirent son état, des symptômes similaires à une grosse grippe qui vous clou au lit.
Nous avons alors souvenir d'avoir lu un article dans le journal qui parlait d'une recrudescence de cas de dengue au Japon, et plus spécifiquement dans les parcs de Tokyo que nous avions visité et qui ont été fermés peu de temps après notre passage. Nous avions bien eu quelques piqûres de moustiques particulièrement virulant (surtout Bara) mais rien de grave à notre sens, surtout dans un parc en plein milieu d'une immense mégalopole d'un pays développé... Bien qu'exceptionnel, le retour de cette maladie transmise par les moustiques est pourtant bien réelle dans ce pays après plus de 70 ans d'éradication. Nous travaillons donc avec l'hypothèse qu'il pourrait s'agir d'une dengue. De toute façon, grippe, dengue ou autre, le traitement reste identique : paracetamol et repos.
Bara prend donc du paracetamol en espérant voir une évolution positive de son état (l'aspirine augmente le risque de saignements ce qui n'est pas recommandé en cas de dengue, notamment la forme hémorragique). Il faut dire que le vol pour Tahiti est programmé pour demain matin et nous nous posons des questions sur son annulation ou sa modification éventuelle.


Le diagnostique d'une dengue plutôt qu'une grippe se confirmera dans la soirée du fait de tâches rouges qui apparaissent sur sa peau. Bara se sent de pire en pire vers minuit et je décide d'aller me renseigner à la réception de l'hôtel pour savoir si un médecin de garde est disponible dans le quartier. Une dame très gentille viendra dans notre chambre avec un sac de glaçons pour soulager la fièvre. Elle nous confirmera également ce que j'avais cru comprendre avec mon anglais approximatif, à savoir qu'il n'y avait pas de système de garde en Nouvelle Zélande et qu'il faut appeler directement les urgences, ce qui pourrait coûter cher et serait sans grande valeur ajoutée par rapport au traitement de cette maladie. Nous décidons donc d'attendre le lendemain matin.



Le 11/09/2014 : Jour J pour Tahiti


La nuit sera courte. Bara ne peut pas dormir malgré le doliprane codeiné et les sacs de glaces sur son front. J'envisage alors sérieusement de décaler notre vol de demain vers Tahiti jusqu'à ce que Bara réussisse finalement à s'endormir. Elle se réveillera le lendemain en petite forme mais suffisante pour décider de prendre l'avion et d'aller voir un médecin à Tahiti (et d'importer la dengue Japonaise en Polynésie). De toute façon une épidémie de dengue sévi également à Tahiti, en plus d'une épidémie de zika (tu te grattes à mort) et de quelques cas de chikungunya. Je vais devoir bien me protéger à mon tour.




A l'aéroport Bara soufre. Elle a toujours la fièvre et des frissons au point que que ses dents claquent toutes seules. Nous passerons malgré tout sans problème le contrôle. Heureusement qu'il n'y avait pas de scanner de température à l'aéroport (comme au Japon). Après six heures de vol nous atterrissons a Papeete et allons directement un peu plus vers le sud où nous avons loué un petit studio chez l'habitant. Caroline et Bruno, des métropolitains installés depuis plus de 10 ans, sont très gentils et nous donnent des conseils pour les hôpitaux. Dans la nuit nous ne dormons pas trop et Bara prend régulièrement du paracétamol en doses maximales sans améliorer son état. Elle essaie de prendre du doliprane codéiné qui calme un peu les maux de tête et les courbatures.



J+1 prise de sang - parcours du combattant

Nous retournons le lendemain matin à Papeete, direction le Centre Hospitalier Universitaire, ou ils nous diront qu'il aura au moins deux heures d'attente et qu'il faut mieux aller dans une clinique privée. A la première clinique, tous les médecins sont partis déjeuné et ne peuvent donc nous accueillir (eeeh pourquoi il doivent manger tous ensemble?). Une gentille dame décide alors de nous diriger vers une autre clinique où nous consulterons enfin un jeune médecin... quelle histoire !
Il faut faire une prise de sang pour confirmer la dengue mais les symptômes correspondent bien. Sinon comme nous le savions déjà, nous ne pouvons pas faire grand chose, il n'y a pas de traitement spécifique hormis le paracétamol. Il faut se reposer, boire beaucoup d'eau et attendre. Le diagnostic de dengue sera confirmé le lendemain par les résultats. La prise de sang a aussi révélé une baisse des plaquettes sanguines ce qui pourrait indiquer la forme plus grave de la maladie : la dengue hémorragique. Il faut refaire une prise de sang dans deux jours. Bara dort presque non stop et ne mange rien. 


Nous ne pouvons pas visiter l'île, mais je me libérerai au moins une demi journée pour aller faire une plongée sur des épaves de bateau et d'hydravion. Superbe ambiance, surtout le bateau ou l'on passe dans ses entrailles ! Mais bon, ce n'était pas le but de notre voyage, nous avons plutôt choisi de faire la tournée des hôpitaux de Polynésie ;)





Poisson Lyon (famille des rascasses)

Baliste Picasso

Pendant que Bara lutte contre la maladie, Caro et Bruno m'inviteront à l'apéro, puis à partager leur repas : rhum, vin blanc, vin rouge et Raclette !! J'apprends que leur fille et leur gendre sont danseurs polynésiens et que j'ai loupé une de leur représentation hier soir. Dommage. 
Leur fille me fait également goûter à sa spécialité : la confiture de caramel au beurre salé ! Et oui, les bretons son partout ! En plus d'être des gens charmants, l'accent polynésien et le "r" roulé de leur fille (et de leur gendre) est craquant.


J+3 Prise de sang rebelotte

Nous retournerons donc à la clinique pour la deuxième prise de sang qui confirmera la baisse de plaquettes de façon plus importante. Les médecins disent qu'il ne faut pas s'inquiéter mais il faut refaire une autre prise dans 2 jours. Bara est très faible, ne mange plus, vomi et nous devons partir à Raiatea. Le médecin dit que c'est ok à condition d'aller à l'hôpital la bas. 
Je contacterai entre temps notre police d'assurance maladie qui nous couvre après les 3 premiers mois de voyage. Mondial assistance commencent à nous parler de rapatriement... Forcément, un rapatriement plutôt qu'une hospitalisation sur place peut coûter beaucoup moins cher pour eux...mais pas forcément pour nous, avec tous les billets d'avion que nous avons déjà réservés sans assurance annulation. Heureusement que des accords entre l'assurance maladie française et le système polynésien existent et que le risque d'hospitalisation pour une dengue n'est pas le plus élevé. Il faut cependant savoir qu'en Asie par exemple, le rapatriement pour les cas de dengue est très souvent généralisé. Peut-être pour limiter toute transfusion sanguine à l'étranger en cas de dengue hémorragique ou risque de paludisme.


J+4 Directon Raiatea

De notre côté nous sautons dans l'avion direction Raiatea. Bara va mieux, la fièvre est presque partie mais elle reste très fatiguée et ne peut toujours pas manger à moins de vomir le repas dans les 10 minutes. Nous avons réservé un bungalow sur l'un des motus de Taha (l'île sœur de Raiatea, accessible uniquement en bateau). Un motu est un de ces îlots de sable qui encerclent l'île principale et qui abritent le plus souvent un complexe hôtelier sur pilotis hors de prix. Le motu atger est bien isolé, à la Robinson crusoé, et est l'un des plus authentique car il est encore la propriété d'une famille de tahitiens. Les bungalows ne sont pas sur pilotis mais en bord de plage qui en font un des rares motu accessible financièrement pour le commun des mortels (un bungalow sur pilotis coute entre 200€ et 1000€ pour les plus luxueux... la NUIT !!!).

Un petit bateau (barque) taxi nous attend à la sortie de l'aéroport et nous partons en pleine nuit en direction de notre motu. Le trajet se fera tous feux éteints (en fait il n'y en a pas) hormis la lueur d'une lampe frontale... Il a intérêt à bien connaître le coin au risque de chavirer sur les hauts fonds ou la barrière de corail. Perso je ne suis pas très rassuré. Du côté de Bara, elle est ailleurs et pressée de rejoindre son lit.

Nous sommes accueillis chaleureusement par Théodore et sa femme. Leur fils était notre chauffeur. Un couple de français sont également sur l'îlot et nous attendent pour partager le repas du soir. Après une courte sieste, Bara sera d'attaque pour son premier repas depuis 4 jours... Poisson à la tahitienne, carpaccio de thon rouge, soupe, crudités... C'est ça aussi la Polynésie française ;)
Nous négocions avec Théodore la possibilité d'être déposé le matin à l'hospital de Raiatea (le seul commun aux 2 îles) ce qui nous oblige à reprendre le bateau pour faire une ultime prise de sang en espérant que le taux de plaquette remonte. Pendant la nuit, Bara ressent des picotements au bout des doigts jusqu'à ne plus en dormir. Elle en devient folle à vouloir s'arracher la peau des doigts. Bien qu'ayant vécu en Guadeloupe et connaissant les symptômes généraux de la dengue, sans jamais l'avoir attrapé, je n'avais pas connaissance de ces effets secondaires.


J+5 la décadence

Le lendemain, cette ultime prise de sang ne sera pas la pour nous rassurer. Le taux de plaquettes se trouve bien en deçà du niveau critique. Bara doit consulter un médecin des urgences. Le médecin écartera l'hospitalisation mais nous conseillera fortement de loger à proximité de l'hospital plutôt que sur un îlots isolé à plus d'1/2 heure de bateau. Il n'y a pas à s'alarmer, la baisse des plaquettes est couramment lié à la maladie mais en cas de blessure la cicatrisation ne pourra se faire (de façon similaire à un hémophile).
Nous apprenons également, dans le pire des cas, qu'il n'y a pas de possibilité de transfusion de plaquette en dehors d'un rapatriement sur Tahiti... On aurait peut être dû y rester ?
Pour ce qui est des picotements dans les doigts, le médecin nous parle de micro fuite de plasma qui pourrait provoquer ces démangeaisons. En gros il n'y a rien à faire si ce n'est d'attendre que le taux de plaquette remonte. Le sang devient en fait trop fluide et s'échappe des vaisseaux sanguins pour aller se loger dans la peau et créant ce phénomène de démangeaison. Il peut donner également naissance à des hématomes et autre hémorragies internes... Très rassurant ! Et tout ça a cause d'un malheureux moustique ?

Nous voilà donc installés dans un hôtel sans grand charme de Raiatea. Adieu le motu et la gentillesse de leur propriétaire. L'accueil est cependant très sympathique dans cet autre hébergement. Perso je commence à tourner en rond bien qu'occupé à rassembler les ordonnances et constituer le dossier médical pour remboursement.


J+6 Allô, mondial "rat"ssistance

Pour compliquer la situation, nous recevons le lendemain un appel de mondial assistance, mandaté par notre assureur, indiquant ne plus vouloir prendre en charge les frais médicaux et consultation du fait de la non existence du contrat car pris en cours de voyage. 

Le contrat a en effet été pris par internet le 7 septembre dernier pour une assurance à partir du 9 et une dengue qui s'est déclaré le 10. C'était couru d'avance qu'ils remettent en question notre honnêteté. Fort heureusement, nous étions dans notre droit et après un appel à l'assureur, mondial assistance se sont excusés. Imaginez que l'on vous parle de rapatriement au premier abord et que le lendemain on vous informe qu'ils ne traiteront plus le dossier du fait d'assurance non valide, ça vous fait une belle jambe. Heureusement que l'on était pas dans le trou du cul du monde mais c'est comme s'ils nous avaient dit au final de se démerder sans eux. Merci mondial assistance de nous avoir ajouté cette épreuve dans la maladie !
Entre temps, les jambes de Bara deviennent rouges violacées... Il ne manquait plus que ça. Après les doigts, les jambes se mettent à fuire ! C'est quoi cette putain de maladie ????


J+7 et J-1 pour Bora bora : la prise de sang de la dernière chance

Bora Bora
Nous ferons une ultime prise de sang le matin même de notre départ pour BoraBora. Si le taux de plaquette est encore descendu, ce sera direction Tahiti. S'il remonte, nous tenterons BoraBora... ce qui se produira ! Amen !
Ca annonce la fin de la période la plus dure de la maladie mais la période de convalescence dure souvent entre 15j et 3 semaines après. Exit donc la plongée et tout autre activité qui engendrerait de la fatigue supplémentaire jusqu'à nouvel ordre. En même temps, difficile de faire mieux que BoraBora pour se reposer.



J+8 Convalescence à BoraBora

Nous devons loger chez Annette et Marc-André chez Bora Bungalove. Nous serons accueilli à notre arrivé la veille au soir par Annette qui aura patientée plus d'1h du fait du retard de l'avion. Bara est également bien crevée car en plus de l'avion, nous avons du prendre une navette maritime pour rejoindre l'île de BoraBora. L'aéroport est en fait situé sur un motu et l'île principale ne peut être reliée que par bateau. Sur les conseils appuyés d’Annette, nous faisons quelques courses sur la route car il n'y a point de magasin ouvert à proximité du gîte.

Notre bungalow est très simple mais idéalement placé au bord de la mer : une chambre avec vu sur mer, une terrasse les pieds dans l'eau, une salle de bain extérieure pour se doucher à la belle étoile et un coin cuisine un peu excentré dans le garage. OK, ce n'est pas ce qu'il y a de plus optimisé et de plus harmonieux mais la déco est sympa et nous avons toutes les prestations demandées plus un accès direct à la mer pour un tarif qui reste très correct pour la destination.
Ils disposent également d'un autre gite, beaucoup plus luxueux, qui est la copie même des gîtes sur pilotis de certains hôtels hors de prix. C'est deux fois plus cher que notre bungalow mais bien en deçà des hôtels des motus. Ce deuxième gite est loué par un couple de suisse-allemand de notre age avec qui nous sympathiserons. Nous apprendrons très rapidement qu'ils font également un tour du monde, d'Ouest en Est.
En tout cas, tout est parfait pour se requinquer et peut être profiter enfin de la beauté de cet archipel.

Au fait, vous ai-je présenté Laphen Stémotte ?



Pour résumer notre expérience de la dengue :

- Piqûre de moustique 5 à 10 jours avant déclenchement de la maladie ;
- Premier signe du déclenchement de la maladie = mal de tête pendant 1 à 3 jours puis plus rien ou rechute (cas de Bara) ;
- Tâches rouges, démangeaisons après 3 à 5 jours ;
- Jambes violacés, hématomes.... après 5 jours indiquant une forme hémorragique de la maladie pouvant conduire à une hospitalisation pour transfusion sanguine de plaquettes ;
- Au bout de 10 jours, l'ensemble des symptômes disparaissent mais laissent place à une grande fatigue pendant 2 à 3 semaines ;
- Pendant la période de convalescence, le malade peut également avoir l'esprit confus, en dehors de la réalité (ce fut le cas de Bara).

Bilan = 2 à 3 semaines avant de revenir sur terre !


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